AccueilInterviewRencontre avec le réalisateur Kim Taeyang (Mimang)

Rencontre avec le réalisateur Kim Taeyang (Mimang)

Lors du 19ème Festival du Film Coréen à Paris

Dans une des salles réservées aux interviews, durant la 19ème édition du Festival du Film Coréen à Paris du 29 Octobre au 5 Novembre 2024, nous avons pu rencontrer un jeune réalisateur, Kim Taeyang, dont le film, MIMANG, sélectionné au Festival International de Toronto, est son premier long-métrage …

Kim Taeyang

Rencontre avec le réalisateur Kim Taeyang

Quand je fais un film, c’est un peu comme si j’écrivais une lettre et que je m’adressais à quelqu’un

K-Society : Bonjour Kim Taeyang, merci de nous recevoir !

Kim Taeyang : Merci à vous !

K-Society : Pour démarrer, est-ce que vous pourriez-vous présenter en quelques mots et nous dire comment vous êtes arrivés à travailler dans le cinéma ?

Kim Taeyang : Bonjour, je m’appelle Kim Taeyang et je suis le réalisateur du film, Mimang. Il faut savoir que durant mon enfance j’ai vécu à la campagne, au fin fond de la montagne avec ma grand-mère et à l’époque à la télévision, il y avait ce qui s’appelait les « chefs-d’œuvres du samedi soir » où on nous montrait des grands films qui passaient à la télévision. C’était vraiment un moment que j’adorais ! Surtout qu’il y avait pas du tout de salle de cinéma. Et puis un jour, une équipe de tournage est venue dans les environs pour tourner un film, j’ai passé un long moment à les observer, et c’est là, que j’ai commencé à m’intéresser réellement au monde du cinéma.

K-Society : Intéressant ! Que signifie ce titre : MIMANG ?

Kim Taeyang : En coréen, le mot « Mimang » a 3 définitions :  la première correspond à l’errance ou l’égarement. La deuxième signifie que lorsque quelque chose nous manque, on a alors très envie de voir cette chose ou cette personne. Et enfin la troisième interprétation correspond au fait de voir une situation de façon élargie. De plus, si on ajoute à la fin du mot « MIMANG » le son « IN » qui se rattache à l’idéogramme de « la personne » alors on obtient le mot « veuf/veuve ». Mais « MIMANG », seul, étant déjà un très beau mot avec toutes ses significations, je trouvais qu’il représentait bien l’essence de mon film.

En coréen, le mot « Mimang » a 3 définitions

K-Society : Je confirme ! Vous disiez à la fin d’une de vos projections qu’avant d’être un long-métrage, votre film était en réalité un court-métrage qui s’est transformé. Comment et pourquoi cette transformation a eu lieu ?

Kim Taeyang : En fait, quand vous voyez la première partie du film, c’est là que le court-métrage prend fin. Je l’avais conçu de telle manière qui s’il soit aussi court qu’un poème. Jamais, je n’ai pensé en faire un long-métrage pour être honnête au départ. Et puis le dernier jour du tournage de cette première partie, qui est aussi le deuxième jour, étant donné que le tournage du court-métrage n’a duré que deux jours, quand j’ai dit : « Coupez ! ». Tout d’un coup, j’ai eu toutes ces images qui m’ont envahies, accompagnées d’une envie irrépressible d’en faire un long-métrage.

Kim Taeyang

K-Society : Est-ce qu’on pourrait presque dire que votre film s’est construit comme se construisent finalement les personnages, au fil du temps, et au fil des rues, qui sont en construction permanentes elles aussi ?

Kim Taeyang : Exactement !

K-Society : J’ai remarqué que vos personnages n’ont pas vraiment de noms, pourquoi ce choix ?

Kim Taeyang : Absolument, c’était bien intentionnel ! Je ne voulais pas que le film ait une trame trop dramatique pour tout vous dire dans le sens où je voulais que mes personnages soient un peu des « Mr et Mme Tout Le Monde », afin que les spectateurs s’identifient à eux d’une certaine manière.

K-Society : Avez-vous rencontré des difficultés ou des défis en particulier pendant le tournage, ou j’allais dire plutôt les tournages ?

Kim Taeyang : Le film a vraiment eu un budget très restreint, ce qui fait qu’on ne pouvait pas du tout éviter le typhon ou la pluie. De plus, si on avait repoussé les tournages à plus tard à cause du mauvais temps, cela aurait engendré d’autres frais. Donc, je n’ai pas eu d’autres choix que d’accepter ces éléments de la nature, alors qu’au début dans le scénario il n’y avait pas du tout ces scènes de pluie. Dès lors qu’on a accepté de faire avec, la question s’est posée de comment intégrer cette pluie qui au final est devenue une part importante du film. A l’image de la vie, où rien ne se passe jamais comme on le voudrait, quand on cherche à tout contrôler, alors que si on accepte, qu’on ne contrôle rien, tout semble s’aligner. En tout cas, je crois que j’ai beaucoup grandi en apprenant cette leçon pendant le tournage.

K-Society : C’est très beau…(rires) Comment vous avez choisi ces différents lieux qu’on aperçoit lors de la balade à Séoul ? Ont-ils une signification particulière ?

Kim Taeyang : Il n’y a pas vraiment de signification personnelle, mais c’est vrai que les quartiers de Gwanghawamun et Jongno, ce sont vraiment des quartiers que j’affectionne particulièrement. On peut y voir aussi bien des gratte-ciel que des Palais royaux ou encore des ruelles avec de très très vieux bâtiments ; et, tout ceci, cohabite ensemble dans un même espace. Comme une sorte de condensé de l’histoire de la Corée. Donc, c’est un quartier qui est toujours très intéressant pour moi, où on peut y voir à la fois des jeunes et des personnes âgés manger dans les mêmes restaurants. Je dirais qu’il y a quelque chose qui est vraiment typiquement coréen, tout en restant indescriptible dans ce genre de scène, et c’est ça que je voulais mettre dans mon film.

Kim Taeyang

K-Society : Nous sommes à la 19e édition du Festival du Film Coréen à Paris et votre film fait partie de la programmation, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Kim Taeyang : J’ai toujours aimé les films français et les films qui avaient pour arrière-plan Paris, donc même si mes films ont déjà été présentés en Europe, ce n’était pas encore le cas pour la France. Or, j’ai toujours entendu dire que le regard du public français était très différent du regard du public d’autres pays, donc j’ai accueilli la nouvelle avec une grande curiosité. Sans compter sur le fait que j’avais une très grande attente…Quand je fais un film, c’est un peu comme si j’écrivais une lettre et que je m’adressais à quelqu’un. Et, la réponse que j’ai reçue des spectateurs français, c’est une réponse profonde et sérieuse qui semblent avoir apprécié chaque mot de ma lettre, ce qui me touche énormément. J’ai été aussi très ému de voir la queue de spectateurs sur les Champs-Élysées qui patientaient pour voir mon film…

J’ai toujours entendu dire que le regard du public français était très différent du regard du public d’autres pays, donc j’ai accueilli la nouvelle avec une grande curiosité.

K-Society : Qu’avez-vous ressenti en échangeant avec le public français ?

Kim Taeyang

Kim Taeyang : Une fois qu’un film est créé, qu’il sort et qu’il est montré au public, je pense que le film appartient désormais à ce même public. J’ai l’impression de faire un film avec un style coréen, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup de blancs ou de trous et de non-dits. Car pour moi c’est au spectateur de remplir ces blancs et ces trous. J’offre donc des films qui essaient de leur donner une dimension où ils peuvent imaginer des choses. Lors de la troisième partie, le personnage féminin dit qu’elle a rencontré un homme qui a un enfant, mais en fait on ne sait pas si l’homme qu’on voit dans le film si c’est vraiment lui ou pas. Donc c’est un peu comme un jeu. C’est un film qui laisse vraiment libre cours à la pensée du public. D’après les questions qui m’ont été posées pendant le débat, j’ai cru comprendre que chaque spectateur a eu sa propre interprétation, ce qui est vraiment quelque chose de très jouissif pour un réalisateur !

K-Society : Allez-vous nous écrire d’autres « lettres » et si oui, sous quels formats ?

Kim Taeyang : Quand parfois, je fais face à des difficultés dans le cinéma, j’ai tendance en fait à écrire des récits sous formes de contes, mais peu importe le destinataire, je pense que s’il y a au moins un destinataire qui a la volonté de lire ce que j’écris, alors, je continuerai à écrire des histoires parce que j’en ai beaucoup trop à raconter ! (Sourire)

K-Society : Est-ce que pour vous il y a un renouveau du cinéma coréen ?

Kim Taeyang : Je pense que c’est effectivement le cas, depuis la fin du Covid en particulier. Ma génération a grandi avec les films des années 90-2000 qui représentent cette émergence, cette renaissance du cinéma coréen. Et tous ces grands réalisateurs qui aujourd’hui sont encore tout-puissants et qui dominent le cinéma, sont bien évidemment toujours très appréciés, mais je crois qu’avec mes confrères et consoeurs nous essayons de trouver notre propre voix et notre propre expression. A l’image de cette nouvelle vague à Taïwan, je pense qu’il y a quelque chose qui est en train d’émerger en Corée ; que ce soit dans le cinéma indépendant ou dans le cinéma commercial chez les jeunes réalisateurs.

Kim Taeyang

K-Society : Est-ce que vous auriez un message pour nos lecteurs/lectrices qui sont passionné(e)s de cinéma coréen et de séries coréennes ?

Kim Taeyang : Vous savez, c’est étonnant, parfois je me dis que le monde est à la fois immense, mais qu’il est en même temps très petit, parce que moi je fais des films dans mon coin en Corée, et je suis amené à voir des spectateurs du monde entier, dont des spectateurs français. Et je dois dire que la curiosité ou l’intérêt que ces personnes étrangères portent au cinéma, ou aux séries coréennes c’est quelque chose de vraiment très précieux pour moi. Cela relève presque du miracle, d’ailleurs ! Je me rends compte à quel point le monde est beau. J’espère que vous continuerez à porter cet intérêt constant à notre culture qui est aussi belle que vous l’êtes !

K-Society : Merci beaucoup ! Ce message sera entendu et répété, soyez-en sûr ! 😉

Remerciements à Kim Taeyang et au FFCP pour cette interview

MIMANG
Réalisatrice : Kim Taeyang
Casting : LEE Myungha, HA Seongguk, PARK Bongjun

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