AccueilInterviewRencontre avec Bella Kim (Hiver à Sokcho)

Rencontre avec Bella Kim (Hiver à Sokcho)

Alors que la 19 édition du Film du Festival Coréen à Paris se termine, nous avons pu rencontrer Bella Kim, à l’affiche de « Hiver à Sokcho », réalisé par Koya Kamura (en interview ici) en clôture de cette belle édition du Festival. Une jeune artiste qui signe ici son premier rôle, et quel rôle.

Bella Kim

Rencontre avec Bella Kim (Actrice)

Je me suis dit : « C’est le destin, je suis la seule à pouvoir faire ce rôle ! »

K-Society : Bonjour Bella Kim, merci d’être là ! Très joli prénom, d’ailleurs, vous le portez à merveille ! Pour celles et ceux qui ne vous connaitraient pas encore, pourriez-vous nous dire qui est Bella Kim ?

Bella Kim : Aaah qui je suis… Je me nomme Bella Kim et je suis sud-coréenne. Cela fait 9 ans que je vis en France. Au début, je suis venue en France pour étudier le marché de l’art et en deuxième année, j’ai été repérée dans une rue par un agent de mannequinat. Aujourd’hui, ça fait sept ans que je travaille dans ce métier et j’ai commencé l’acting avec ce film, Hiver à Sokcho.

Bella Kim
FFCP©Lucie Uffoltz

K-Society : C’est donc une première pour vous le cinéma ?

Bella Kim : Exactement ! Et Bella pour tout vous dire possède le même sens que mon vrai prénom coréen qui était trop dure à prononcer pour les français (sourit).

K-Society : Quel lien entretenez-vous  à la fois avec la Corée et la France ?

Bella Kim : Je vis ici en France depuis à peu près dix ans, je dirais donc que j’ai l’impression d’être à moitié française, en tout cas d’adoption !(rires)

j’ai réalisé que le fait de n’appartenir à aucun lieu signifie que je peux appartenir à n’importe quel lieu en réalité.

La France est le pays d’adoption que j’ai choisi, mais j’adore la Corée aussi qui est mon pays natal. J’adore la culture des deux pays. Mais bizarrement, quand je suis en Corée, les coréens ne pensent pas que je suis coréenne, que ce soit au travers de mes attitudes, de ma manière de penser ou de ma manière de vivre. Mais en même temps, je ne suis pas du tout française non plus. Je ne suis pas née ici. Donc, au début, c’était dur, j’avais l’impression de n’appartenir à aucun lieu, aucun endroit. Mais c’est là que j’ai réalisé que le fait de n’appartenir à aucun lieu signifie que je peux appartenir à n’importe quel lieu en réalité. J’ai la liberté de m’installer n’importe où, dans n’importe quel pays, n’importe quel endroit. Je me sens libre. La Corée est une culture du collectif tandis qu’en France, on est centré sur l’individu. Et savoir que je peux exister en tant que personne à part entière, en tant que Bella fait que je me sens française. Et quand je retrouve ma famille et mes amis en Corée, je me sens redevenir coréenne.

Bella Kim

K-Society : Et du coup, vous pouvez peut-être plus facilement comprendre un peu la manière d’être des Français par rapport aux Coréens ?

Bella Kim : C’est vrai que je peux switcher. Mes parents pensent même que je suis française par moment (rires)

K-Society : Pour en revenir à ce premier rôle que vous incarnez, qu’est-ce qui vous a plu dans l’histoire et dans le personnage ?

Bella Kim : J’ai été honorée en premier lieu d’avoir été choisi pour incarner ce personnage.J’ai ressenti une forte envie de faire ce film dès la première lecture du scénario. J’ai senti que j’avais beaucoup de similarités avec le personnage concernant la confusion d’identité entre les deux cultures. D’ailleurs, lors du casting, je traversais moi-même une sorte de perte de sens dans la vie, ce qui fait que j’avais vraiment beaucoup de sympathie avec le personnage. Et aussi, j’ai grandi à Sokcho, quand j’avais sept ans, je suis restée cinq ans là-bas avec ma famille, donc je connaissais parfaitement cette ville. Sans compter sur le fait que j’ai un amour de la France qui me permet de naviguer entre les deux pays. Donc tous ces éléments ont fait que je me suis dit : « C’est le destin, je suis la seule à pouvoir faire ce rôle ! »

K-Society : Vous avez pu lire le roman d’Elisa Shua Dusapin pour vous préparer ?

Bella Kim : Oui, absolument ! Ce qui s’est passé pour la petite histoire, c’est que le producteur coréen m’a contacté via Instagram, en me parlant du projet et du fait que ça se passait à Sokcho, en plein Hiver. Par la suite, j’en ai parlé à une amie qui est née à Sokcho et qui travaille dans l’édition qui m’a dit : « mais ce n’est pas l’histoire du livre : Hiver à Sokcho ? ». J’ai donc cherché le livre pour le lire, et j’ai tout de suite été profondément attirée par l’histoire qui traite de la confusion d’identité. Cela a raisonné en moi de manière personnelle et profonde.

K-Society : Parlez-nous un petit peu du personnage de Soo-ha ?

Bella Kim : Ce personnage est une jeune femme métisse, franco-coréenne, née à Sokcho où elle y a grandi et n’a jamais connu son père français. De fait, elle a toujours ressenti le manque de son père et a étudié la littérature française à l’université dans l’espoir de voir son père un jour. 

Après ses études de lettres, elle retourne à Sokcho pour travailler dans une pension où elle va faire une rencontre fortuite avec un Français qui va remettre en question tout son vécu et le vide qu’elle ressent au fond d’elle : en passant par la double identité, l’insuffisance de la mort…  C’est une histoire de la découverte de soi en quelque sorte.

C’est une histoire de la découverte de soi en quelque sorte.

K-Society : Comment s’est passée cette collaboration, avec Roschdy Zem ?

Bella Kim : C’était un immense honneur pour moi de jouer avec une si grande star et en même c’était effrayant ! Mais dès la première lecture et première rencontre, il m’a très vite mise à l’aise. Son expérience d’acteur et réalisateur le rend encore plus impressionnant. Mais il a été très respectueux et attentif. La relation entre Kerrand et Soo-ha, avait quelque chose de similaire dans notre relation de partenaire de jeu tant j’étais subjuguée par son aura et sa présence. Il m’a vraiment beaucoup appris et rassurée. Je me souviens d’une scène, avec un téléphérique, où j’ai eu peur du vide, faisant rater la prise, mais tout de suite, il m’a dit que ce n’était pas facile de tourner quand on a peur, ce qui m’a redonné confiance. Grâce à son soutien, j’ai pu la réussir ensuite !

Bella Kim
Roshdy Zem et Bella Kim

K-Society : Avez-vous d’autres souvenirs de tournages marquants ?

Bella Kim : Toutes les scènes ont un impact, mais je dirai le moment où j’ai appelé l’actrice qui interprétait ma mère : « Maman » en coréen. C’était la première fois que j’appelai une autre femme, maman que ma mère, et ça m’a terriblement émue. Je le suis encore en vous en parlant…C’était comme si elle devenait réellement ma mère l’espace d’un instant.

C’était la première fois que j’appelai une autre femme, maman que ma mère, et ça m’a terriblement émue.

K-Society : En plus d’être votre premier grand rôle, le film fait partie de la programmation du festival et a même été sélectionné pour le clôturer, comment vous avez accueilli cette nouvelle ?

Bella Kim : J’ai crié ! (Rires) En fait, notre film a été invité aussi à d’autres festivals comme celui de Toronto, mais ce festival a une signification particulière pour moi, car Paris, c’est une ville de rêve pour moi. Je me souviens de mon arrivée en France en 2015, où je ne comprenais pas bien le français malgré mon apprentissage de la langue avant de venir, et de me dire que je joue dans cette langue, pour un film français, ça me touche profondément. Et surtout, je pense que ce festival est le seul où les spectateurs peuvent ressentir un profond attachement entre ces deux cultures. D’ailleurs, certains ont peut-être vécu ou vivent cette même confusion identitaire et peuvent s’identifier à mon personnage, aussi, j’ai hâte de voir le film en compagnie des spectateurs. Et puis, nous sommes sur les Champs Élysées, donc ça rend la projection encore plus inoubliable ! Je me souviens quand je suis venue à ce festival en tant que spectatrice dès 2016, je n’aurais pas imaginé me retrouver de « l’autre côté » de l’écran. J’ai l’impression de rêver !

Hiver à sokcho FFCP
Lors de la projection au FFCP ©Lucie Uffoltz

K-Society : Avez-vous pu voir d’autres films pendant le festival de cette année ?

Bella Kim : J’ai pu voir Handsome Guys et des courts-métrages. J’éprouve toujours un grand plaisir de découvrir des films coréens à Paris et de les partager avec le public français qui est un vrai public de cinéphiles.

Bella Kim
FFCP©Lucie Uffoltz

K-Society : Hiver à Sokcho vous a-t-il donné envie de poursuivre une carrière d’actrice ?

Bella Kim : Oui, je ne peux pas trop en dire, mais après ce tournage, j’ai eu l’impression de vivre un décalage horaire comme si je revenais d’un voyage dans un autre univers, et je crois bien que j’ai très envie de repartir en voyage dans cet univers.

K-Society : Auriez-vous un message à adresser à nos lecteurs et à tous les passionnés de cinéma et séries coréennes ?

Bella Kim : Je suis reconnaissante de voir que le public français est aussi fan du cinéma coréen et des séries coréennes, et j’espère que je pourrai partager ces bons moments ensemble pendant longtemps.

Merci encore à Bella Kim et au FFCP pour cette superbe programmation et ses invités de qualité.

HIVER À SOKCHO
Réalisateur : Koya Kamura
Acteurs : Roschdy Zem, Bella Kim, Park Mi-hyeon

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