Pour son premier film, Kim Chang-Hoon, jeune réalisateur prometteur de cette nouvelle vague du cinéma coréen, nous livre ici un thriller sombre aux personnages torturés. Hopeless, déja nominé de nombreuses fois, a été notamment projeté en première mondiale dans la section « Un Certain Regard » du Festival de Cannes 2023. Film à découvrir en salles depuis le 17 avril 2024 !
L’histoire : Pour fuir une vie sans avenir et sans espoir, le jeune Yeon-Gyu est entraîné dans une spirale de violence qui le conduira au cœur d’une organisation criminelle menée par un leader charismatique, Chi-Geon.
Rencontre avec Kim Chang-Hoon
Réalisateur et scénariste du film « Hopeless »
J’ai constaté, en vivant en Corée, des violences physiques et psychiques cachées dans la société. Et ces violences peuvent avoir une réelle influence sur la vie d’une personne. Je voulais donc raconter cela en écrivant ce scenario.
K-Society : Qu’est-ce qui vous a poussé vers la réalisation. À quel moment avez-vous eu le déclic ? Avez-vous des réalisateurs, scénaristes qui vous ont donné envie de faire ce métier ? Ou un film en particulier ?
Kim Chang-Hoon : Depuis mon plus jeune âge, j’aime le cinéma. Je n’avais pas beaucoup d’amis dont je restais souvent à la maison. Ma mère regardait beaucoup de films et naturellement, je les regardais avec elle. On peut dire que mon enfance se résume donc beaucoup à regarder des films.
J’aimais aussi beaucoup les dinosaures dans les films, ma mère m’a donc proposé, quand j’avais huit ans, de voir au cinéma le film Jurassic Park de Steven Spielberg. Et c’est en regardant ce film que j’ai réalisé que l’imagination peut devenir réalité et je voulais donc faire comme lui. Mais je n’avais pas vraiment de notion de ce qu’est un réalisateur, je voulais juste faire un film qui deviendrait réalité. C’était mon point de départ. J’ai donc continué à regarder plusieurs films de différents genres et réalisateurs, mais le film Jurassic Park a vraiment était un moment inoubliable de ma vie.
K-Society : Vous faites partie de cette nouvelle génération de réalisateurs prometteurs du cinéma coréen. Comment voyez-vous le cinéma coréen de demain ?
Kim Chang-Hoon : En ce moment, le cinéma coréen traverse une crise sans précédent. Raison pour laquelle, il existe beaucoup de talents cachés qui n’ont pas encore réussi à faire leur début à cause de cette crise.
Il a donc, avec Jason Yu par exemple, des réalisateurs comme moi de la jeune génération. Et si nous communiquons et travaillons ensemble dans une compétition seine, on pourra se développer davantage et apporter ainsi une nouvelle vague du cinéma coréen.
K-Society : Pourquoi avoir choisi ce sujet sombre pour votre premier film « Hopeless » ? Présentez-nous son intrigue.
Kim Chang-Hoon : Le personnage principal s’appelle Yeon-Gyu, il a 17 ans et vit dans un environnement violent et tordu, mais garde tout de même une lueur d’espoir. Il va faire la rencontre de Chi-Geon, un gangster, qui va vouloir l’aider. Yeon-Gyu va se retrouver pris dans une sorte d’engrenage de violence se dirigeant alors vers un futur sombre.
Pourquoi ce sujet sombre ? Car j’ai constaté, en vivant en Corée, des violences physiques et psychiques cachées dans la société. Et ces violences peuvent avoir une réelle influence sur la vie d’une personne. Je voulais donc raconter cela en écrivant ce scenario.
K-Society : Expliquez-nous ce titre « Hopeless » ? L’espoir n’existe pas ? Une question se pose alors dans leur situation : Il vaut mieux vivre sans espoir et accepter, ou se rattacher un semblant d’espoir d’une vie meilleur ?
Kim Chang-Hoon : Pour Chi-Geon (Hong Xa-Bin) et sa bande de gangsters, il n’y a pas d’espoir. Mais pour le jeune Yeon-Gyu (Song Joong-Ki), qui va pendant un moment perdre espoir, gardera pourtant durant tout le film une lueur d’espoir. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi ce titre « Hopeless », sans espoir en anglais – pour montrer cette contradiction.
Je pense qu’il est mieux de garder espoir pour survivre, comme Yeon-Gyu. Mais je vous invite à aller voir le film, pour savoir qui des deux personnages et visions va s’en sortir. (rires).
K-Society : Parlez nous de cette rencontre entre le jeune Yeon-Gyu et le gangster Chi-Geon et de cette relation qui va se créer.
Kim Chang-Hoon : Yeon-Gyu et Chi-Geon vont partager leur passé et leur futur. Cinématographiquement parlant, ce sont des personnages identiques qui se retrouvent dans un dilemme. Pour Yeon-Gyu, il veut partir de chez lui, où il n’y a que violence et va donc se créer un rêve, un objectif, celui de rejoindre Hollande(화란) un lieu idéal avec cet espoir que tout ira mieux. Mais Chi-Geon, lui, a déjà connu ce passé, qui est le présent que Yeon-Gyu est en train de vivre. Pour lui, il n’y pas d’espoir dans ce monde. C’est pourquoi, il va ressentir une sorte de pitié pour Yeon-Gyu, il est passé par là et comprend ce qu’il ressent. C’est aussi pour cela qu’il a voulu l’aider au début. Mais cela va entraîner Yeon-Gyu dans un engrenage sordide. Chi Geon veut lui faire comprendre que l’espoir n’existe pas, alors que Yeon Gyu reste attaché à cette lueur d’espoir et ne comprends pas Chi-Geon. Les deux personnages se retrouvent donc lié dans cette relation de dilemme.
Les deux personnages se retrouvent lié dans cette relation de dilemme.
K-Society : Comment s’est passé la relation lors du tournage entre les deux acteurs : Le jeune et prometteur Hong Xa Bin et son ainé Song Joong-Ki ? D’ailleurs, parlez-nous du choix de casting.
Kim Chang-Hoon : Les acteurs se comportaient comme dans le film, mais en s’influençant de manière positive. Ils s’entendaient très bien et se comprenaient. Song Joong-Ki avait un peu ce rôle de mentor pour le jeune Hong Xa-Bin.
Au niveau casting, c’est Song Joong-ki qui m’a contacté après avoir lu mon scénario, en me proposant de jouer le rôle de Chi-Geon. Ce qui a été le point de départ du film. Et pour le rôle de Yeon-Gyu, quand j’ai vu la photo d’Hong Xa-Bin, j’ai ressenti une atmosphère particulière et j’ai donc demandé tout de suite à le rencontrer. La rencontre a duré quatre heures et c’est ce même jour que j’ai eu la certitude que c’est lui qui devait jouer Yeon-Gyu.
Le saviez-vous : Song Joong-Ki, qui a adoré le scenario, a refusé tout cachet pour jouer dans ce film.
K-Society : Ce n’est pas compliqué, en tant que jeune réalisateur, d’obtenir un tel casting dès son premier film ?
Kim Chang-Hoon : Effectivement, quand on est nouveau, on n’a pas vraiment de film à montrer, donc c’est difficile de convaincre de grands acteurs. Mais pour ma part, j’ai eu la chance de travailler avec Sony Pictures, qui m’ont beaucoup aidé à ce niveau.
K-Society : Avez-vous un souvenir particulier du tournage de ce film, votre premier film ?
Kim Chang-Hoon : À chaque tournage avec les 3 protagonistes principaux, c’étaient vraiment des moments inoubliables. Ils étaient toujours dans ma tête et à chaque prise, c’est mon scenario qui devenait réalité.
K-Society : Justement, parlez-nous un peu plus de ce 3ᵉ protagoniste : Ha-Yan
Kim Chang-Hoon : Des 3 protagonistes, je trouve que Ha-Yan (Kim Hyung-Seo) est le personnage le plus puissant. Même si c’est une jeune fille qui semble faible, elle joue le rôle de protecteur pour Yeon-Gyu. Il y a beaucoup de moments sombres dans une vie, et la lueur d’espoir arrive comme une lumière réconfortante.
Quand on se retrouve enfermé dans cette réalité sombre, on n’arrive pas à voir la lumière. Et donc pour moi, Ha-Yan incarne cette lumière pour Yeon-Gyu.
K-Society : Le film « Hopeless » a été diffusé lors du Festival de Cannes en 2023 dans la sélection « Un certain regard ». Que retenez-vous de cette expérience, votre premier film et de l’accueil du public et de la critique ?
Kim Chang-Hoon : Lors de la projection à Cannes, j’ai eu beaucoup de retours positifs des critiques. Pour mon premier film, je savais que j’avais beaucoup de chose à améliorer donc je me suis demandé si ce n’était pas un miracle. Mais au niveau de public, les avis étaient vraiment partagés, il y en a qui ont adoré et d’autre qui ont détesté car ils trouvaient l’histoire trop sombre.
Mais si je dois choisir un souvenir inoubliable, ce n’est pas lors de projection à Cannes, mais dans un Festival de films à l’étranger. Avant la projection de mon film, je devais saluer le public. Et juste devant la scène, au premier rang, il y avait une jeune fille qui ne semblait pas ravie d’être là. On aurait dit que sa mère, à côté d’elle, l’avait forcée à venir. Mais à la fin du film, cette même jeune fille est venue me voir avec un grand sourire pour me dire qu’elle avait adoré mon film. Cela m’a vraiment touché. Je me suis rendu compte que mon film avait le pouvoir de changer le regard. J’étais à la fois très heureux et reconnaissant.
K-Society : Avez-vous un nouveau projet en préparation ?
Kim Chang-Hoon : Mon prochain film sera un film de genre, un film noir, mais moins sombre que « Hopeless ». Plus tard, j’aimerais aussi faire des comédies, mais plutôt des comédies noires.
K-Society : Un message pour nos lecteurs ?
Kim Chang-Hoon : Je vous remercie pour votre intérêt pour le film. Je peux aussi vous garantir que si vous regardez le film une deuxième, voir une troisième fois, vous allez découvrir des choses que vous n’aviez pas vues la première fois. Je suis certaine que vous ne serez pas déçu. Merci
Merci à Kim Chang-Hoon et Pauline (Le Public Système Cinéma)